Penser un point d’ouïe
un endroit où les sons s’offrent à nous
un espace d’écoute privilégié
où le son est joliment sonnant
mais néanmoins ignoré
tant il est « naturellement » là
à la fois présent et inaudible
dans son habituelle constance.
Il suffit donc de le révéler !
Il suffit de le pointer, de le faire remarquer
de nous surprendre, passant ignorant sa triviale existence
de le placer dans notre bande passante
de syntoniser notre attention
nous accordant écouteur avec un potentiellement l’écouté.
Il suffit sans doute de dire, de nommer
non pas de dire ou nommer un processus
mais les sons-mêmes, écoutables comme tels
et peut-être de poétiser leurs dites sonnances
Dire, c’est faire exister.
Quelques mots, mis en scène
en scène acoustique, comme il se doit
des propositions et invitations auriculaires.
Faire sortir subrepticement l’ouïrdinaire de l’ordinaire.
Trouver des mots qui comptent
des mots qui content
qui interpellent, qui surprennent
au détour d’une rue
d’une place
d’un mur
d’une clairière
d’un sentier.
Des rythmes partitions aussi…
De micros installations qui s’écrivent dans, pour, et avec un lieu
un lieu et bien sur toutes ses potentielles oreilles traversantes.
Comment ça sonne ?
Comment tu t’entends (ou pas) avec (ta ville, tes lieux de vie)
Comment ça te raccroche au paysage dans tout ce qu’il a de plus – ou moins – trivialement sonore ?
Comment ça te questionne sur l’inouï de tous les jours ?
Comment cet inouï devient parfois partition ouïssible ?
Comment ça écrit une histoire entre tes, nos deux oreilles ?
Et pour se faire
un brin de graphisme
d’écritures circonstanciées
d’humour, pourquoi PAS
de scénophonies non audio invasives
d’invitations à la pause Point d’ouïe
à l’immersion de l’écoute installée
sans sons rajoutés
sans édulcorants auriculaires
sans sur-couches envahissantes
brouillonnes et bruyonnantes.
Juste pour profiter de l’instant
avec le mot et le dispositif a minima
des propositions non audiostentatoires
souvent discrètement éphémères, contextuelles, conjoncturelles
de petites portes auriculo-graphico-visuelles
pour échapper l’oreille vers un ailleurs, finalement de proximité
vers un modeste mais surprenant monde sonore à portée de tympans.