Marcher, écouter, préserver, agir !

PAS – Parcours Audio Sensible, Saint-Pétersbourg – 2019

Si les marches écoutantes, notamment les PAS – Parcours audio Sensibles mode Desartsonnants, ont pour objectif de (ré)apprendre à écouter les paysages sonores ambiants, à y prendre du plaisir via des gestes mettant l’esthétique en avant, d’autres buts sont également recherchés.

La marche comme outil de lecture paysagère, d’analyse et de diagnostique, le fait de comprendre un peu mieux, par les parcours sensibles, les relations que le marcheur habitant ou visiteur, entretient avec les espaces publics, naturels, d’appréhender ce qui fonctionne bien, tout comme ce qui dysfonctionnelle, constitue une approche pragmatique non négligeable. C’est une. Moyen de se doter d’outils d’observation et d’imprégnation aussi simple, quoique, qu’efficaces.

Dans une volonté d’aménagement du territoire, notamment via des mobilités douces, le fait de tracer des cheminements piétonniers sensibles, au fil de l’eau, des trames vertes, des zones calmes, de fraîcheur, de relier différents quartiers en ménageant des points d’ouïe apaisés, constitue un axe de recherche important.

L’écoute permet de faire des états des lieux, des inventaires parfois, pour mettre en exergue les aménités paysagères, tout comme les lieux difficiles à vivre, c’est parfois un doux euphémisme. Cela devrait conduire à protéger ce qui doit l’être, des zones de belle écoute, de s’en inspirer pour des aménageants à venir, et de tenter d’améliorer le cadre de vie aux acoustiques détériorées, si ce n’est franchement polluées.

Au-delà des écoutes portant une « oreille musicienne » et esthétisante sur l’environnement, ce qui n’est déjà pas rien, il est une oreille pragmatique, celle qui va explorer et expérimenter des situations d’écoute active. Geste qui apporte, de par ses postures écologiques, si ce n’est écosophique, une dimension audio facto constructiviste, engagée, au service des espaces de vie et de leurs résidants.

Dans « Ce qui ne peut être volé. Charte du Verstohlen* » de Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio, le droit au silence est d’emblée revendiqué comme une valeur qu’il faut défendre à tout prix, comme celui de l’horizon. Sans aller jusqu’au silence total, ou alors dans dans une acception symbolique, il nous faut rechercher a minima le droit au calme et à la belle écoute.

Aujourd’hui plus que jamais, les marches écoutantes, comme toutes celles liées à des parcours sensibles, font partie des actes militant, sociétaux, pour préserver des espaces écoutables, supportables et au final vivables.

  • Ce qui ne peut être volé, Charte du Verstohlen, de Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio (éd. tracts Gallimard) 31 mai 2022

Laisser un commentaire