Et mes talons qui claquent
Clairs sur sol gelé
Ils font bruisser les sentes
Amortis automnaux
Tapis aux feuilles mortes
Percevoir mon allure
Me donnent la cadence
M’invitent à ralentir
Ou à presser le pas
La marche s’entend bien
Comme un geste ambulant
Étouffé d’herbe grasse
Ou de neige ouateuse
Réverbérée de gel
Et dalles de marbre lisse
Traversant des séquences
Et jouant des cadences
Aux rythmes indécis
Aux rythmes chaloupés
Métronomes de marche
Testant sols et matières
Bien présents ou discrets
Quand aux pas ceux d’autrui
Ceux des autres allant
On les entend passer
S’approcher à l’oreille
S’éloigner à l’oreille
Différentes allures
Fières ou presqu’effacées
On peut suivre ces pas
Filer le lent flâneur
Pister le promeneur
Talonner l’arpenteur
S’attacher à ses basques
En écoutant marcheur
On se glisse à sa suite
L’oreille au pas à pas
Jeu de l’ouïe lien mobile
Qui infiltre l’espace
Des marcheurs prestes urbains
On avance sonore
On trace mouvements
On écrit des parcours
On les marque ambulant
Groupe bruissant des pieds
Traversant la forêt
Les pavés résonnants
Bien entendre nos pas
Ceux des autres aussi
se sentir piéton
Geste ambulant liant
Aux pas (dé)concertants
La vie qui est en marche
Et que l’oreille entend
Et qui nous tient vivants.