L’eau courante l’est-elle encore ?

Résidence de création sonore en territoires aquatiques – Vallée des Gaves du Pau – Hautes-Pyrénées – Ramuncho Studio et Hang-Art à Luz-Saint-Sauveur (65)


Vers des territoires hydrosoniques menacés

A l’heure où tout le monde devrait avoir l’accès à une eau potable, nourricière, commun partageable vital, la question de sa gestion, de son partage, de sa potabilité, voire même de sa présence, peut nous faire redouter un avenir loin d’être serein.
Si certains territoires craignent, à juste titre, de voir leurs terres habitables grignotées par la montée des eaux, d’autres dévastées par des crues et torrents, d’autres encore voient l’eau disparaitre petit à petit du paysage, pour laisser des terres exsangues et desséchées.


Constat peu réjouissant me direz-vous.


Mon oreille se tourne aujourd’hui naturellement vers les paysages aquatiques, des bassins versants auriculaires, un maillage de cours d’eau tout à la fois esthétiques et marqueurs écologiques dessinant des territoires fluents.
Je prends un immense plaisir à suivre les rivières, fleuves et rus, à longer les rives d’un lac, d’un étang, à admirer les paysages d’une zone humide, tout en respectant son fragile biotope. Je tends l’oreille, heureux lorsque les flux se font entendre, dessinent des géographies auriculaires, et inquiet lorsque l’étiage périodique devient omniprésent sur un long terme, et fait se taire la voix des eaux.
Mes oreilles, micros, récits, tentent de rendre compte de la vitalité, comme parfois de la grande fragilité des trames et points bleus.
L’eau courante, force vive, sillonnant des paysages qu’elle contribue à façonner, est un marqueur qui n’est pas essentiel que par ses qualités esthétiques, tant s’en faut.
Néanmoins, montrer et faire entendre les beautés visuelles et sonores des eaux ruisselantes, est une façon d’en souligner la fragilité, parfois l’état critique, et la nécessité de protéger un accès à l’eau, de lutter contre des gaspillages insensés.
L’eau source de vie, véhiculant des mémoires parfois très anciennes, est un patrimoine en grand danger. Lui prêter l’oreille, attention, dépasse une posture touristique, une valorisation territoriale esthétique. Écouter l’eau, partager des approches sensibles, c’est aussi tirer des sonnettes d’alarme pour prévenir de violents conflits naissant de la disparition ou de l’appropriation inhumaine d’un bien commun vital.

Je me pose les mêmes questions, me fais les mêmes remarques, en traversant une forêt malmenée par les sécheresses consécutives, pluies acides, incendies, attaques parasitaires, monocultures, déforestations massives, où le chant des oiseaux fait place à de sinistres craquements de bois sec.

Territoires liquides en écoute

Chantier d’écoute « Bassins versants, l’oreille fluante« 

Un commentaire

Laisser un commentaire