Search
My feed
POINTS D'OUÏE, PAYS... New 23 Nov, 2024

Écoute que coûte !

Dans la traversée d’une zone nuageuse, ponctuée de turbulences et d’avaries à répétition, je reprends tant bien que mal le cours des choses.

Je le fais naturellement en replongeant l’oreille dans les rumeurs, grondements et bruissonnances du monde.

Ménager des tiers-espaces écoutants, où la parole circule entre et dans les silences habités et les mille sonorités, toujours en mouvement, reste au cœur du projet.

Aller à la rencontre de nouveaux territoires, en retrouver d’autres, avec leurs ambiances propres, anthropophoniques, biophoniques et géophoniques, autrement dit de l’humain, des animaux et des phénomènes « naturels », selon la classification de du père de la biophonie, Bernie Krause, est un besoin quasi vital.

Ces rencontres sont le fruit d’un nomadisme assumé, qui fait tenir debout le monde dans une certaine cohérence rassurante, ne serait-elle qu’auditive.

Chercher des espaces amènes, au sein d’environnements souvent cacophoniques, dissonants, stressants, est une façon de trouver, de construire, de protéger, des sortes oasis sonores accueillants.

Installer et faire circuler des écoutes généreuses et partagées, y compris dans les silences et les lenteurs des cheminements, convoque des gestes et des postures qui tendent à apaiser des frénésies anxiogènes.

L’écoute, les écoutes, sont envisagées comme des gestes esthétiques, artistiques, poétiques et poïétiques, écosophiques, où les sociabilités se nourrissent de la rencontre, de l’altérité, de la tolérance, autant que puisse se faire.

Les (ré)écritures sonores, entre traces et imaginaire, participant à l’émergence d’un récit collectif, à portée d’oreille, à chaque fois renouvelé, selon les espaces investis.

Ces mille et une narrations tissent une histoire à la fois teintée d’universalité, celle de l’écoute, et nourrie de ses propres singularités, celles des scènes et espaces acoustiques.

Ce qui embellit le désert c’est qu’il cache un puits quelque part, écrit Antoine de Saint-Exupéry, et je pense qu’il en est de même pour les territoires sonores, malgré les silences pesants, le bruit des bombes, du déluge des eaux furieuses et des montagnes qui s’éboulent.

J’ai conscience ici de répéter, de réécrire, de broder, peut-être de rêver, ces situations et ces aspirations. C’est sans doute pour m’assurer, me rassurer, de leur pertinence, de leur potentialité à bricoler des mises en situations participatives. Pour cela, je tente, envers et contre tout, de les faire vivre, de les mettre en action contextuellement sur le terrain.

J’espère que, via ces gestes, ces propositions simples, sobres, et que je souhaite surprenantes, la recherche d’une belle écoute, participant à un monde entendu de façon plus soutenable, sèmera ici et là quelques grains de bons sons.

Et si souvent je doute, j’entends résonner en moi cet adage « cent fois sur le métier remettre son ouvrage » (son écoute), comme une invitation récurrente à prêter l’oreille à la complexité du monde, de ses co-habitants, en arpenteur écoutant que je suis.

Une quête de « bien-sonnances » qu’il me faut toujours découvrir, partager et enrichir.

APA style reference

Malatray, G. (2024). Écoute que coûte !. walk · listen · create. https://walklistencreate.org/2024/11/23/ecoute-que-coute/

Gilles Malatray

Collection · 25 items

point d'ouïe

Collection · 60 items

paysage sonore

Collection · 167 items

écosophie

Collection · 13 items
CC-BY-NC: Gilles Malatray

vamp

To walk or tramp, as in “I’m going to vamp on home soon.” from the Dictionary of Newfoundland English (University of Toronto Press, 1982).

Added by Marlene Creates

Encountered a problem? Report it to let us know.

  • Include the page on which you encountered the problem.
  • Describe what happened.
  • Describe what you expected to happen.